Olivier ChalletSérie éliminatoire

Une intrigue glaciale à l’échelle du Québec.

Notre entretien
avec l’auteur

Jack Barral est un bon inspecteur mais il n’a rien d’un personnage plus grand que nature. Pourquoi avoir choisi un personnage ordinaire comme protagoniste de votre livre ?

Barral est en fait très bon dans son domaine. Mais il n’a rien d’un héros. Je ne voulais surtout pas construire un personnage caricatural, comme on en trouve souvent dans les polars modernes. Cela dit, avec ses forces, ses faiblesses, ses tourments, Jack Barral vit avec un passé qui, sans le hanter dans son quotidien, vient quand même influencer ses actions et sa vision des événements.

Êtes-vous vous-même un grand lecteur de romans policiers ? Qu’est-ce qui vous attire dans l’écriture de tels livres ?

Je suis un amateur de polars classiques, que ce soit les romans de Simenon, Mankell ou encore Connelly pour ne citer qu’eux. Pour moi un roman policier est le reflet d’une époque, il décrit les travers de la société. Quand on écrit de tels livres, on construit des personnages, et surtout, une mécanique où tout doit s’imbriquer, une mécanique dans le temps et dans l’espace. Et c’est cet exercice que je trouve prenant, exigeant mais passionnant. Avec de grands défis. Tels que créer des liens entre des enquêteurs et des meurtriers appelés ou non à se rencontrer, à se comprendre… choisir et mettre en scène des territoires… bâtir une intrigue qu’on veut à la fois divertissante et crédible.

À la lecture de votre livre, on a le sentiment que le travail des policiers vous fascine autant, voire plus, que les motivations du ou des meurtriers. Est-ce un juste constat ? 

Ce sont les motivations du ou des meurtriers qui construisent, induisent la mécanique de l’enquête, qui est au cœur du polar. Et elles m’intéressent autant que le travail des policiers, car sans elles, sans motivations, pas d’intrigue policière. Mais il est vrai que le travail des policiers demeure fascinant et énigmatique sur bien des aspects. L’enquête de terrain est longue et fastidieuse, il faut savoir « fermer des portes » au fur et à mesure pour avancer, ne pas se perdre. Le travail d’équipe est d’une grande complexité.

Pour moi un roman policier est le reflet d’une époque, il décrit les travers de la société.

Extrait de l’entretien

Votre roman est proche du genre de la procédure policière, tant vous y détaillez minutieusement le quotidien des policiers et les moindres aspects d’une enquête. Comment avez-vous mené vos recherches?

J’ai exploré le fonctionnement du Service de Police de la Ville de Montréal, car je voulais que les différents éléments de l’enquête reposent sur une gouvernance crédible, qu’il s’agisse du fonctionnement de la section des crimes majeurs, des postes de quartier ou encore des différents services à la communauté de Montréal. Mon ambition n’a jamais été de dresser un portrait exhaustif du fonctionnement des services de police, par exemple. Il s’agissait avant tout de présenter un cadre plausible pour mon enquête, pour qu’elle puisse évoluer avec le plus de fluidité possible.  J’ai voulu écrire un polar classique qui soit ancré dans le territoire du Québec, une sorte de road trip policier. Le territoire et l’hiver y sont très présents et rythment l’enquête, d’une certaine façon…


Livre publié dans la collection « Boréal Noir ».