Olivier ChalletCuvée mortelle

Un roman intense, aux arômes puissants et à la finale explosive.

Notre entretien avec l’auteur

Parlez-nous un peu de cette nouvelle enquête et des trois enquêteurs qui la mènent. Quelle a été l’origine de ce projet?

L’idée m’est venue au fil de voyages en Bourgogne et en Californie, deux régions aux antipodes où le vin est à la fois une culture, un art de vivre, une industrie. J’ai eu envie de confronter ces univers, tout en explorant leurs approches très différentes du métier d’enquêteur : comment un agent du FBI, moderne mais peu expérimenté sur le terrain, peut-il collaborer avec deux commissaires français, plus conventionnels et attachés à leurs méthodes ?

Ce choc des cultures, à la fois viticole et policier, m’a offert un terrain de jeu idéal. L’enquête devient alors un prétexte pour explorer certaines différences, des frictions, mais aussi des complicités inattendues.

Cette nouvelle enquête se déroule principalement dans le terroir de Bourgogne, en France, à une époque où la technologie n’était pas omniprésente dans nos vies. Pourquoi avoir fait ce choix d’une époque passée? Est-ce par nostalgie? Est-ce en hommage à certains grands écrivains de romans policiers comme Simenon?

Le monde du vin appelle une certaine lenteur, une forme de contemplation. J’avais du mal à imaginer cette atmosphère dans un décor saturé de smartphones et de notifications. Situer l’action au début des années 2000 me permettait de retrouver un rythme plus humain, à l’époque où, comme je le dis dans la préface, « on pouvait déplier une carte routière sur le capot de sa voiture sans déclencher de sarcasmes ».

Ce n’est pas de la nostalgie, plutôt une envie de cohérence. Le vin, les paysages, les personnages… tout respire mieux dans un monde qui va un peu moins vite et où le terroir a encore sa place.

Après le Québec dans Série éliminatoire, vous nous entraînez cette fois dans une enquête internationale qui passe par la France, les États-Unis, la Suisse et l’Italie. L’ampleur de l’enquête implique-t-elle des difficultés particulières dans l’écriture?

Un peu, oui. Il faut s’assurer que les éléments juridiques et policiers soient crédibles. Par exemple, dans quelles circonstances le FBI peut-il intervenir hors des États-Unis ? Que signifie le secret bancaire en Suisse ? La police italienne a-t-elle ses propres codes ? Ce sont des détails, mais ils comptent.

Je ne cherche pas à écrire un manuel de procédures, mais je veux que le lecteur sente que l’histoire tient debout. Cela implique pas mal de recherches, parfois des digressions passionnantes, parfois des migraines. Au final, je pense que ça donne du relief à l’intrigue.


 

Le vin, les paysages, les personnages… tout respire mieux dans un monde qui va un peu moins vite et où le terroir a encore sa place.


 

Le vin est évidemment le fil conducteur du roman et le nombre de vignobles, d’appellations, de cépages et de crus nommés impressionne. Avez-vous fait de longues recherches (et dégustations) pour cet aspect de votre livre?

Recherches et dégustations, oui, mais dans des proportions raisonnables. J’ai parcouru la route des vins en Bourgogne, visité des domaines en Californie, dans les vallées de Napa et de Sonoma. Et j’ai suivi un cours de dégustation à la SAQ il y a une vingtaine d’années — ce qui ne fait pas de moi un expert, mais m’a donné de quoi écrire sans dire trop de bêtises, enfin je l’espère!

Le vin est un univers complexe, à la fois vaste, parfois intimidant, mais profondément humain. Il m’a offert des décors, des personnages, des tensions… et quelques bons souvenirs de dégustation.

Impossible de ne pas terminer ces questions sans vous demander de nous conseiller un vin (disponible à la SAQ si possible) pour accompagner la lecture de votre livre.

Un vin toscan, sans hésiter. Un Ruffino ou un Vino Nobile di Montepulciano, pour rester dans une gamme accessible. Et si on veut marquer le coup, un Brunello di Montalcino. Ce sont des vins qui ont du caractère, de la profondeur et une certaine élégance.

À consommer avec modération, bien sûr. Et ne pas oublier que si on prend le volant, c’est tolérance zéro!


 

Livre paru dans la collection « Boréal Noir ».