Mario FecteauLa Fille de l’Inca

Deux adolescents face aux conquistadors.

Notre entretien
avec l’auteur

Vos romans sont peuplés d’aventuriers et d’aventurières, relatent voyages et découvertes avec un grand souci du détail sans jamais laisser l’intrigue en plan. Cette soif d’action et cette curiosité qui vous animent et que vous traduisez dans vos livres ont-elles toujours fait partie de vous? De vos lectures ?

Je dirais que oui, depuis nos jeux d’enfance, à mon frère, mon cousin et moi. Nous lisions les aventures de Bob Morane et imaginions nos propres héros. Nous vivions à la campagne et il était aisé de se rendre dans les bois environnants pour affronter des ennemis imaginaires… ou pour s’embarquer pour l’espace dans un vaisseau (c’était aussi l’époque des missions Apollo vers la Lune, dont j’ai gardé une attirance durable pour l’espace et la science-fiction). La science m’a toujours fasciné et j’avais pour héros favori le toujours logique M. Spock.

La lecture est venue assez tard, vers la quatrième année, avec la découverte des romans de Jules Verne. J’ai lu et relu Vingt mille lieues sous les mers. En cinquième année, mon enseignante m’a fait découvrir la revue scientifique Science & Vie. Ce fut une révélation. Pendant que les autres lisaient des fictions (ou ne lisaient pas du tout), je m’abreuvais au savoir scientifique. Arrivé au secondaire, j’ai épluché les rayons « Science » de la bibliothèque en deux ans.

Ce n’est pas d’hier que des artistes de tout acabit s’intéressent aux civilisations qui les ont précédés. Qu’est-ce qui vous a attiré dans la civilisation Inca? Qu’est-ce qui a fait en sorte que vous avez voulu la raconter et en faire le cadre de votre récit ?

Tout a commencé en 2006, entre l’écriture de Gaylord et de L’Envol du dragon. J’ai signé un petit roman de science-fiction dans lequel un garçon voyageait dans le temps pour rejoindre ses parents, eux-mêmes voyageurs temporels. Historiens de l’an 3200, ils visitaient différentes époques pour en connaître les mœurs et les mystères. Le garçon avait reçu en cadeau, pour ses quatorze ans, une machine à voyager dans le temps. Une dysfonction de l’appareil l’avait contraint à ne voyager que dans les époques déjà explorées par ses parents.

Je n’ai écrit qu’un tome de ce que j’imaginais comme une série, mais parmi les titres envisagés, il y avait La Fille de l’Inca. Quand j’ai voulu me plonger dans des romans historiques, ce titre m’est rapidement venu à l’esprit. J’avais encore des hésitations quand je suis tombé sur un numéro de Science & Vie consacré à l’histoire avec un dossier complet sur les Incas. Détail amusant, il y avait aussi, dans ce numéro, un article sur les Vikings…


 

En cinquième année, mon enseignante m’a fait découvrir la revue scientifique Science & Vie. Ce fut une révélation.

Extrait de l’entretien


 

L’écriture d’un roman comme celui-ci demande d’importantes recherches afin de s’assurer de la vérité historique des faits. Avez-vous eu des surprises en cours de route, découvert des choses que vous ignoriez ?

Plusieurs surprises en cours de route, ça oui ! Je ne connaissais que les grandes lignes de l’histoire des Incas, soit qu’ils ont édifié d’impressionnantes structures, des cités grandioses… J’ignorais que les conquistadors avaient bénéficié d’une guerre civile ayant affaibli l’Empire au moment précis de l’arrivée de Pizarro et sa bande sur le continent. J’ignorais presque tout également des politiques progressistes des Incas, qui laissaient les peuples conquis libres de pratiquer leur religion et respectaient leur mode de vie.

Ce fut la même chose concernant l’Inquisition, dont je parle dans le roman lors du séjour de nos héros en Espagne. Contrairement à l’idée largement répandue qu’on s’en fait, l’Inquisition ne tuait pas à tour de bras. Les sanctions allaient le plus souvent d’une amende à un séjour plus ou moins long en prison. Les exécutions étaient réservées aux cas les plus sérieux de manquement à la religion catholique.

En fin de compte, l’écriture de ce roman fut pour moi avant tout la découverte d’un peuple admirable. J’espère que la lecture de La Fille de l’Inca sera, pour mes lecteurs, autant une source d’apprentissage qu’un agréable divertissement. Après tout, c’est pour cela que j’écris, d’abord et avant tout.


Livre publié dans la collection « Boréal Inter ».