Notre entretien
avec l’autrice
L’origami est un point de départ étonnant pour un roman. Pouvez-vous nous parler de la genèse d’Un été de papier?
En fait, c’est le personnage d’Arthur qui m’est venu en premier. Je le voyais dévaler les rues de mon village natal sur son vélo. Puis je me suis imaginé les lieux selon son point de vue d’enfant, lorsque l’ordinaire prend souvent des allures extraordinaires. La forêt n’est plus seulement une forêt, mais le repaire de créatures étranges; la vieille maison au bout de la rue ne peut que cacher une foule de secrets, etc. À travers les yeux d’Arthur, tout devient possible, même un écureuil en papier bien vivant.
Vous êtes entrée en littérature pour la jeunesse grâce à des romans purement fantastiques. Avec Un été de papier, vous ne délaissez pas complètement les codes du fantastique en proposant aux jeunes lecteurs un univers appartenant au « réalisme magique ». Quel rôle la magie joue-t-elle dans votre rapport à l’imaginaire, à la littérature?
En fait, je base toujours mes concepts sur le réel. Bien que ma série La Sorcière d’hiver comporte davantage d’éléments fantastiques, l’histoire se passe tout de même au Québec, sur nos routes et dans nos villages. Mon plaisir dans l’écriture est de faire vivre l’imaginaire dans le réel, de laisser planer au-dessus de l’histoire la grande question : « Et si c’était vrai? » J’ai grandi avec des séries comme Harry Potter, Percy Jackson et Fablehaven, dans lesquelles notre monde n’est pas tout à fait ce qu’il semble être. N’est-ce pas moins ennuyant de voir la vie ainsi? Avec un soupçon de magie?
N’est-ce pas moins ennuyant de voir la vie ainsi? Avec un soupçon de magie?
Extrait de l’entretien
Qu’est-ce que ça change, de camper l’action dans le monde réel, lorsqu’on fait de la littérature d’imagination? Est-ce contraignant du point de vue de l’écriture?
Je n’ai jamais perçu le réel comme une contrainte. En fait, en basant mon histoire sur notre monde, je peux m’assurer que le lecteur ou la lectrice arrivent à se projeter dans les personnages et dans leurs actions. Je peux aussi davantage me concentrer sur les relations entre mon protagoniste et son entourage, les approfondir sans me soucier des détails d’un monde inventé de toutes pièces.
Votre roman met en scène un jeune garçon plutôt solitaire et introverti, et une jeune fille qui n’a pas la langue dans sa poche. Des deux, auquel ressembliez-vous le plus, enfant?
J’avoue ressembler beaucoup plus à Arthur, mon personnage principal. C’est un garçon qui ne réfléchit pas toujours à la portée de ses actions, mais qui est loyal envers sa famille et ses amis. L’intervention de Julie vient équilibrer son caractère et l’aide à sortir de sa solitude. J’ai croisé plusieurs « Julie » dans ma vie, et j’avoue que je ne serais pas la même personne sans ces rencontres.
Livre publié dans la collection « Boréal Junior ».