Brigitte VaillancourtSaison chaude

Une année au Niger avec Fanta, entre bouleversements et découvertes.

Notre entretien
avec Brigitte Vaillancourt

Ton récit poétique est ancré dans le paysage de Niamey, au Niger. Qu’est-ce que ça signifiait pour toi de visiter ce territoire par l’écriture?

Mes voyages en Afrique de l’Ouest datent de plusieurs décennies. Mes souvenirs sont fragmentaires. Une odeur d’essence l’été peut me ramener trente ans plus tôt, alors que je ne  reconnaîtrais probablement plus les villes où j’ai habité tant elles ont dû changer. Saison chaude m’a donné l’occasion de travailler sur cette matière sans souci d’exactitude. J’ai pu librement exploiter le côté partiel et flou de ma mémoire. Ce projet m’a aussi permis de saisir ce qui en est resté, c’est-à-dire une habilité à être en mouvement.

 

Tu as manifestement eu une enfance et une adolescence hors du commun. En quoi crois-tu que les thèmes explorés dans Saison chaude peuvent rejoindre les jeunes qui n’ont pas, comme toi, vécu une jeunesse vagabonde ?

Le contexte du voyage ajoute une teinte particulière, mais les questionnements de Fanta sont propres à tout le monde : comment être soi-même? Comment apparaître au monde? Comment se distinguer? Je me souviens de m’être sentie très désorientée à la fin de mon secondaire à Montréal.

Fanta, ton héroïne, est en proie à un grand inconfort qui semble être le lot de l’adolescence. Comment as-tu vécu le fait de te replonger dans cette période trouble ?

Avec beaucoup de tendresse. Je porte encore en moi l’adolescente que j’ai été. Écrire me permet de toucher à l’intensité de cette période de la vie. Certains jours, je me sens même redevenir frondeuse et électrique comme à quatorze ans. J’aime cette énergie, même si elle dérange et fait peur.


 

Saison chaude m’a donné l’occasion de travailler sur cette matière sans souci d’exactitude. J’ai pu librement exploiter le côté partiel et flou de ma mémoire.

Extrait de l’entretien


 

En quoi Fanta te ressemble-t-elle? En quoi est-elle différente de l’adolescente que tu as été ?

C’est une bonne question puisqu’écrire est une façon si singulière de brouiller les pistes. Fanta est sensible, à la fois timide et dégourdie. Elle prend des risques, se rétracte, fonce à nouveau. Elle aime faire les choses à sa manière, ériger ses propres règles, tout en restant proche des siens. Des traits qui étaient présents chez moi plus jeune et qui le sont peut-être encore maintenant.

Le livre explore surtout les chamboulements de Fanta, mais se termine sur une note lumineuse. Quel genre de message as-tu voulu transmettre à tes lecteurs ?

À la fin du récit, Fanta accepte de se laisser porter par tout ce qui bouge autour d’elle. J’ai cherché de cette manière à transmettre une idée du mouvement auquel il est difficile d’échapper. Quelque chose comme une fluidité, un courant.