Lise TremblayRang de la Dérive

La liberté à tout prix, et à tout âge.

Notre entretien
avec Lise Tremblay

 

Ces nouvelles mettent en scène des personnages différents, mais c’est chaque fois une femme au seuil de la vieillesse qui prend la parole. Pourquoi cette figure vous semble-t-elle si porteuse ?

D’abord, cette figure s’est imposée et c’est probablement parce que cela me concerne directement. De plus, ces femmes sont riches en conscience et en expérience. Elles font des bilans et sont extrêmement lucides. C’est cette lucidité qui les rend très intéressantes.

 

La honte joue un rôle central chez vos personnages. Est-ce un trait propre aux femmes de cette génération ?

Je ne crois pas. De plus, ces femmes ont vécu de la honte et cette honte était inutile. C’est une honte que la société leur faisait vivre. À la fin de chaque nouvelle, je crois qu’elles s’en sont libérées. Dans le fond, c’est cette libération que les nouvelles racontent et la libération peut aussi passer par l’acceptation même de la mort comme dans la nouvelle « Vieille France ».

Chacune de ces femmes est en déplacement ou s’installe dans un lieu nouveau pour elle. Mais ce qui caractérise chacun de ces lieux, c’est la solitude qu’elles y trouvent, de façon provisoire ou permanente. Cette « chambre à soi » vous semble-t-elle toujours aussi importante pour les femmes aujourd’hui ?

Je pense que ces femmes trouvent leur lieu et, oui, cette chambre à soi est importante. Dans les nouvelles, les nouveaux lieux sont aussi pour elles des endroits de découverte et d’épanouissement, et des endroits pour retrouver leur liberté. Je n’étais pas très consciente de cela lors de l’écriture. Dans le fond, ces lieux deviennent des espaces de paix et, à l’aube de la vieillesse, la quête de la paix me semble essentielle.


 

Tu sais, quelqu’un m’a confié un jour qu’une de ses amies en phase terminale lui avait dit qu’il n’y avait pas de manuel de mode d’emploi pour mourir. Et dans le même souffle, elle lui avait affirmé n’avoir jamais été aussi libre que couchée sur son lit de mort. Et depuis que je suis ici, je ne me suis jamais sentie aussi libre.

Extrait du livre