Victoria LordLouise et les cowboys du Saint-Laurent

Sillonnez les routes du Québec avec Louise et partez sur les traces de la musique country.

Notre entretien
avec l’autrice

Le réalisme magique de Louise et les cowboys du Saint-Laurent vous permet de prendre toutes sortes de libertés, d’aller dans toutes sortes de directions. Pourquoi avoir choisi, dans ce premier roman, de vous intéresser à l’univers de la musique country ?

J’avais envie d’écrire sur la musique, de partager ma passion pour celle-ci. En ayant cette idée de gramophone magique, je cherchais un univers musical à explorer et le country s’est imposé rapidement. Je voulais parler de ce qui me plaît dans ce style que j’affectionne depuis longtemps : l’authenticité, les harmonies vocales, l’instrumentation, le dévouement de ses artisans. Il y avait aussi dans ma démarche le souhait de peindre le genre différemment, d’aller au-delà des clichés habituels. On qualifie souvent la musique country de « quétaine » sans s’y attarder réellement. Même Louise a cette impression au début du roman ! Grâce à un couple aussi attachant que les Chabotte, Louise et les jeunes lecteurs peuvent apprendre à mieux connaître cette musique et à l’apprécier.

Même si le fameux duo country formé par Paul et Paule Chabotte est fictif, le roman est truffé de références à la musique et à la culture country du Québec. Comment avez-vous appréhendé le travail de recherche qui vous a permis de tracer la route de Louise le long du Saint-Laurent ?

J’adore le travail de recherche! Je tenais à ce que tous les éléments du roman soient plausibles et basés sur des faits réels – en faisant abstraction du gramophone magique, bien sûr! Non seulement la recherche m’a permis d’apprendre toutes sortes de choses, que ce soit sur les traversiers, les motels de Matane ou encore sur le comportement des vaches, elle m’a aussi aidée à construire l’histoire.

En lisant de nombreux ouvrages de référence sur la musique country et des biographies d’artistes, en écoutant plusieurs balados, j’ai pu enrichir le récit. Par exemple, j’ai appris dans la biographie de Willie Lamothe qu’il avait joué à la Superfrancofête de 1974. Je suis tout de suite allée lire sur ce festival pour me rendre compte qu’un concert mémorable sur les plaines d’Abraham ferait une très belle finale au roman.

J’ai également réalisé une entrevue avec le musicien Étienne Bessette, qui a accompagné sur la route les plus grandes stars du country québécois. Il a généreusement partagé anecdotes et souvenirs qui m’ont permis d’étoffer les personnages de Paul, Paule et Ti-Bob.


 

Il y avait dans ma démarche le souhait de peindre le genre différemment, d’aller au-delà des clichés habituels. On qualifie souvent la musique country de “quétaine” sans s’y attarder réellement.

Extrait de l’entretien


 

Louise est une jeune fille timide, mais très créative, qui rêve d’une carrière musicale. Pourtant, elle laisse parfois son manque de confiance en soi freiner ses ambitions. En écrivant un premier roman pour la jeunesse, quel genre de message vouliez-vous transmettre à vos jeunes lecteurs ?

Je suis fascinée par le processus de création artistique. Comment on peut passer d’un moment où les mots et les mélodies existent dans notre tête à un autre, où ils deviennent bien réels. Je désirais donc témoigner de l’importance et des bienfaits de la création, même pour des préadolescents, qui n’ont peut-être pas le réflexe de mettre en mots leurs émotions, de les transformer en chansons. Créer une œuvre d’art apporte beaucoup de bien, à soi et aux autres. On le voit dans le roman lorsqu’une chanson de Louise permet de rapprocher deux personnages. Cela devient pour elle une grande source de fierté, une façon de devenir plus confiante et de s’affirmer.

Vous êtes vous-même autrice-compositrice-interprète. Sur le plan de la création, que permet la littérature que la musique ne permet pas, et vice-versa ?

À la base, que ce soit en chanson ou en littérature, il y a toujours une idée. Qu’elle apparaisse sous la forme d’une histoire, d’un sentiment ou d’une image, cette idée m’habite et trotte avec insistance dans ma tête jusqu’à ce que j’arrive à la développer. Dans les deux cas, la simplicité n’est pas synonyme de facilité. Le résultat peut même être très difficile à atteindre !

L’écriture de paroles de chansons permet à la fois la concision et l’abstraction. L’idée peut ainsi laisser place à l’interprétation tout en devant vivre dans un cadre plus défini : une fenêtre de quelques minutes. Je peux passer des semaines à chantonner la même phrase avant de trouver la suivante ou, au contraire, écrire très rapidement une série de mots qui me plaisent pour ensuite leur trouver une mélodie.

La littérature jeunesse commande cependant une plus grande précision, ainsi qu’une plus grande rigueur. Le récit, les personnages et leurs intentions doivent être clairs. Par sa longueur, le roman permet en revanche une profondeur et une liberté difficilement atteignables en chanson. Si j’ai une vague idée du point A et du point B au début de la rédaction, j’éprouve un réel plaisir à chercher le chemin le plus intéressant pour aller de l’un à l’autre. Cet éventail de choix et de situations est étourdissant au premier abord, mais c’est ce qui rend le processus littéraire passionnant!


Livre publié dans la collection « Boréal Junior ».