Notre entretien
avec les auteurs
On s’entend généralement pour voir dans la fondation de l’ADQ en 1994 l’apparition au Québec d’une « troisième voie » politique qui, en préconisant l’« autonomisme » sur le plan constitutionnel, voulait briser l’impasse entre les positions, souverainistes ou fédéralistes, des partis traditionnels. Cette troisième voie a été portée au pouvoir avec la victoire de la CAQ en 2018. Pourtant, personne jusqu’à ce jour ne s’était soucié d’en écrire l’histoire. Comment expliquez-vous cela?
Dans la foulée du référendum de 1995, de nombreux livres sur la politique québécoise ont paru. Il se font malheureusement plus rares aujourd’hui. Pourtant, ce qui s’est passé avec la conquête du pouvoir de la troisième voie en 2018 est un événement majeur. En accédant au pouvoir, la CAQ a mis fin au duopole PQ-PLQ qui gouvernait le Québec en alternance depuis cinquante ans.
Nous trouvions important de comprendre la portée de cet événement, mais aussi de dessiner le parcours et retracer les origines de ce mouvement politique. Et comme nous avons été tour à tour aux premières loges de cette route vers la conquête du pouvoir, nous souhaitions contribuer à ce devoir de mémoire.
Vous vous attachez surtout à deux figures, celles de Mario Dumont et François Legault, qui ont été tour à tour les leaders de cette troisième voie. Qu’est-ce qui rassemble ces deux hommes? Qu’est-ce qui les distingue?
Ils viennent d’horizons politiques différents. Mario Dumont a d’abord milité au Parti libéral du Québec alors que François Legault est issu du PQ. Le premier a amorcé sa carrière politique très jeune – il est élu chef de l’ADQ à vingt-trois ans et devient une figure publique dès 1991. Le deuxième, quant à lui, s’est d’abord distingué comme homme d’affaires, avant de faire le saut en politique plus tard au cours de sa carrière.
Toutefois, sans se connaitre intimement, ils partagent certaines similitudes qui expliquent en partie leur destinée commune. Parmi celles-ci, soulignons leur fidélité première au Québec, leur amour des chiffres et leur compréhension approfondie de l’économie. Ils partagent également un pragmatisme face aux enjeux politiques, préférant les solutions concrètes aux débats idéologiques. Sur le plan humain, leurs origines modestes et leur attachement profond aux valeurs familiales ont incontestablement influencé leur vision des enjeux sociaux. Ils sont tous deux capables de parler directement aux gens, de manière franche et sans langue de bois.
Les lecteurs découvriront comment les choses se sont vraiment passées. La petite histoire permet souvent de mieux comprendre la grande.
Extrait de l’entretien
Vous avez, comme conseillers des deux hommes, été des témoins rapprochés des hauts et des bas de leur parcours, et même parfois des acteurs des événements. En quoi cela vient-il enrichir votre récit?
Dans ce livre, nous voulions donner aux lecteurs accès aux coulisses de la politique. L’aventure de la troisième voie est un récit enlevant, plein de rebondissements. Que ce soit lors du référendum de 1995, au moment de la fusion entre la CAQ et l’ADQ ou pendant le débat sur la laïcité, les lecteurs découvriront comment les choses se sont vraiment passées. La petite histoire permet souvent de mieux comprendre la grande.