Notre entretien
avec l’autrice
La plupart des romans pour adolescents portent sur des histoires d’amour ou d’amitié. Si ces préoccupations ne sont pas complètement absentes du roman, Les Quatre Vérités s’intéresse surtout à la famille. Pourquoi avoir choisi d’explorer ce territoire plutôt qu’un autre?
La famille est le lieu où l’on se construit comme individu. Dans une famille, il y a des valeurs, des manières de faire les choses, de parler, de se comporter qui sont là, qui nous influencent malgré nous et qui constituent la base de la personne que nous deviendrons. À l’adolescence, on adhère à certaines de ces valeurs familiales, mais il arrive qu’on se rebelle aussi contre elles. On cherche à définir ce qui est important pour nous et, parfois, cela veut dire prendre un chemin différent. C’est difficile de sentir qu’on déçoit nos parents, qu’on prend une autre voie que celle qu’ils envisageaient pour nous. Cela demande beaucoup de courage d’emprunter une route différente, personnelle.
Mireille, la protagoniste du roman, traverse une période de grands questionnements et trouve du réconfort auprès d’autres jeunes qui, comme elle, ont une situation familiale difficile. Quelle place prend le concept de « famille choisie », dans votre vie comme dans le roman?
Quand rien ne va plus dans notre famille, on se tourne naturellement vers des gens qui nous ressemblent et qui ont des préoccupations semblables aux nôtres. Pour moi, les amis sont très importants et il y a plusieurs personnes que j’ai connues alors que j’étais au secondaire qui sont encore présentes dans ma vie. L’amitié est importante tout au long de la vie, bien sûr, mais à l’adolescence, elle est particulièrement essentielle. Elle est un refuge, une assurance de trouver quelqu’un qui va nous écouter, nous comprendre et nous aider. C’est extrêmement précieux.
Je pense que le désir de trouver qui on est et de se sentir libre de suivre sa voie est propre aux adolescents, quelle que soit l’époque à laquelle ils vivent.
Extrait de l’entretien
Les Quatre Vérités se déroule en banlieue de Québec dans les années 1980. Croyez-vous que les adolescents d’aujourd’hui peuvent encore se reconnaître dans un univers où la technologie et les réseaux sociaux n’avaient pas encore tout conquis? En d’autres mots, malgré toutes les transformations de l’époque moderne, qu’est-ce qui est demeuré inchangé?
Je pense que le désir de trouver qui on est et de se sentir libre de suivre sa voie est propre aux adolescents, quelle que soit l’époque à laquelle ils vivent. Le besoin de parler, de se confier, de partager ses passions, autrement dit de trouver des amis véritables, n’est pas lié à la technologie. Dans les années 1980, on parlait des heures au téléphone avec nos amis, au grand dam de nos parents qui se plaignaient qu’on accaparait la ligne! Aujourd’hui, si les textos et les échanges sur les réseaux sociaux ont remplacé les appels, il n’en reste pas moins que l’important, c’est la communication, le sentiment que savoir que quelqu’un est là pour nous, au bout du fil ou au bout des doigts.
Livre publié dans la collection « Boréal Inter ».