Paul-André LinteauUne histoire de Montréal

Une nouvelle édition de la synthèse de référence
sur l’histoire de Montréal.

Extrait

Dans cette édition mise à jour, Paul-André Linteau prend notamment en compte l’arrivée au pouvoir de Valérie Plante à la mairie et sa réélection ainsi que la pandémie de COVID-19.

Ces événements, Montréal les vit comme le reste du Québec et, d’une certaine façon, comme le reste du monde. Elle est toutefois plus durement frappée que d’autres régions. Ainsi, l’île de Montréal, qui abrite 24% de la population du Québec, compte 35% des cas de COVID-19 confirmés et 42% des décès. Jusqu’à la fin d’octobre 2021, la pandémie lui enlève près de 5 000 personnes. Il y a aussi des variations importantes selon les quartiers, les plus affectés étant ceux qui sont densément peuplés et défavorisés. Ils abritent davantage celles et ceux qui œuvrent dans les établissements de soins et les autres services essentiels, plus exposés à l’infection que les gens qui sont en télétravail.

L’économie montréalaise est lourdement frappée par le confinement obligatoire, qui fait disparaître les spectacles et les divertissements et fermer les établissements de toute sorte. Bon nombre d’employés peuvent travailler depuis la maison, mais des dizaines de milliers d’autres se retrouvent au chômage du jour au lendemain, tandis que des travailleurs autonomes voient leurs revenus se tarir. Le gouvernement fédéral mobilise des sommes colossales pour financer la Prestation canadienne d’urgence (PCU), versée à ceux et celles qui sont sans travail, ainsi que divers programmes de soutien temporaire aux employeurs. Malgré cela, de petites entreprises, comme des restaurants et autres magasins et services locaux, doivent fermer leurs portes par manque de ressources.


L’économie montréalaise est lourdement frappée par le confinement obligatoire, qui fait disparaître les spectacles et les divertissements et fermer les établissements de toute sorte.

Extrait du livre


Le centre-ville prend des allures de zone sinistrée, avec ses tours de bureaux désertées par le personnel, ses restaurants, ses hôtels et ses magasins sans clientèle. La disparition des touristes, qui n’ont même plus le droit d’entrer au pays, ajoute aux difficultés. Les étudiants étrangers, d’habitude si nombreux, ne sont plus là pendant les mois où seul le téléenseignement est disponible.

Le télétravail imposé aux employés a des avantages pour certains. Finis les longs trajets matin et soir. Ils disposent de souplesse pour organiser leur horaire quotidien et ils y prennent goût. Beaucoup expriment le souhait de ne pas retourner au bureau à temps plein après la pandémie et d’adopter plutôt un régime hybride. Face à la nécessité d’avoir un espace de travail à la maison, ils sont nombreux à rechercher un logement plus grand. Cela déclenche une véritable frénésie immobilière et une hausse très rapide des prix, en particulier en 2021, dans un marché où le stock de maisons à vendre reste très bas. Cette pression se répercute aussi sur le marché locatif et accentue l’augmentation des loyers, déjà en marche depuis quelques années. Les familles n’arrivent plus à trouver un toit à prix abordable et la part du logement dans leur budget s’accroît. Sans surprise, plus de Montréalais qu’avant choisissent de déménager en banlieue ou même à la campagne. La pandémie vient donc accentuer des tendances lourdes, liées à la démographie et à l’insuffisance de logements disponibles, qui ne peuvent pas être modifiées rapidement. Les experts s’entendent pour dire que si certains excès peuvent se calmer, il est peu probable que le marché immobilier revienne à son état antérieur à court terme.


La pandémie vient exacerber la pénurie de main-d’œuvre qui existe depuis quelques années.

Extrait du livre


Par ailleurs, la pandémie vient exacerber la pénurie de main-d’œuvre qui existe depuis quelques années. C’est notamment le cas dans le secteur névralgique de la santé. Les baby-boomers continuent à prendre leur retraite les uns après les autres, tandis que les conditions sanitaires réduisent les arrivées d’immigrants. Les arrêts de travail forcés incitent beaucoup de travailleurs à réorienter leur carrière. Quand les activités reprennent après le déconfinement, le manque de main-d’œuvre devient criant. Bon nombre de magasins, d’hôtels ou de restaurants manquent de personnel et ne peuvent plus offrir le même service qu’auparavant. La pénurie de chauffeurs compromet toute la logistique du transport commercial et industriel. Le phénomène n’est pas seulement conjoncturel.

À l’automne 2021, grâce à la vaccination et aux mesures sanitaires, l’économie montréalaise cherche à retrouver son rythme de croisière, mais les obstacles sont encore nombreux et la sortie de crise exige des ajustements douloureux.


Livre publié dans la collection « Boréal compact ».