Colette BrossoitNe regarde pas ce qui se dérobe

Entre tendresse et fougue, la révélation d’une vocation littéraire.

En résumé

En 1980, avec la complicité de son compagnon, Pierre Villeneuve, et de l’architecte Luc Laporte, Colette Brossoit créait L’Express, dont elle a été l’âme et l’inspiratrice. Cet établissement allait tout de suite devenir un des phares de la restauration montréalaise.

Pendant qu’elle veillait aux destinées de ce lieu qu’elle considérait un peu comme « un service public », Colette Brossoit entretenait une passion secrète, l’écriture. Férue de théâtre et de littérature, elle notait ses impressions sur les pièces et les films qu’elle voyait, sur les livres qu’elle lisait. Elle donnait libre cours à son enthousiasme pour ses auteurs de prédilection : Tchekhov, Anouilh, Lalonde. Elle se remémorait également, elle qui avait une formation d’actrice, ses débuts au théâtre, ses rencontres avec le clan Villeneuve, avec Hélène Loiselle, qui allaient se traduire en de profondes amitiés. Elle parlait aussi de sa famille de L’Express, avec qui elle a partagé tant d’heures difficiles ou exaltantes. Surtout, elle revivait son enfance, ses rêves, ses chagrins, son destin de femme, d’amoureuse, d’artiste et d’entrepreneure.

Quand elle nous a quittés en 2014, Colette Brossoit a laissé derrière elle des textes qui ont été recueillis et qui sont présentés ici par son amie Nadine Marchand. On y découvre une voix unique, à la fois tendre, blessée, déterminée, mordante, la voix d’une femme pour qui l’écriture était une compagne irremplaçable, une femme dont le seul combat a été de vivre pleinement.


 

Cette fracture en moi, que chacun porte en soi, je tente de la colmater en l’écrivant, en le décrivant, cette déchirure, cette division du milieu du corps, qui fait que chaque côté du visage est différent de l’autre mais qu’il est impossible de dire que le côté droit est plus moi que le côté gauche bien qu’on puisse préférer un côté à l’autre pour la douceur, la rondeur ou l’œil taquin. Toi et moi, Pierre, sommes unis comme les deux moitiés de mon âme et comme elles séparées, divisées par une fêlure, une fracture, comme le sillon au milieu du cerveau, inévitable, autrement c’est un monstre. Tu es ma moitié préférée, mon meilleur côté.

Extrait du livre