Michael HutchinsonSur les traces de tante Charlotte

Une enquête trépidante sur fond de drame.

Extrait de l’œuvre

Les Rats musclés entrèrent à pas circonspects. Avec ses appuis de fenêtre, ses rampes d’escalier et ses planchers en bois, le Centre national pour la vérité et la réconciliation leur parut tout de suite paisible et chaleureux. Aux murs, entre les bibliothèques remplies de livres, des œuvres d’art et des lettres d’archives, des photos et des documents officiels encadrés. Au milieu d’une grande aire ouverte, des bureaux patinés par le temps, des ordinateurs et des imprimantes pour les recherches.

Une employée d’une trentaine d’années se leva pour accueillir les Rats musclés d’un grand sourire.

— Bonjour! Qu’est-ce que je peux faire pour vous?

Son minuscule espace de travail se nichait près de l’entrée, dans l’ancien vestibule de la maison. Un musée et des zones réservées aux recherches se partageaient le salon et la salle à manger d’autrefois.

Chickadee s’approcha de la femme d’un pas décidé, ses cousins sur les talons.

— Bonjour, madame! On cherche de l’information sur notre grand-tante Charlotte. Elle a fréquenté le pensionnat de l’Étang-aux-Cerises.

[…]

— Eh bien, vous êtes au bon endroit pour vos recherches, fit Meher d’un ton joyeux. Nous mettons à la disposition du public un répertoire numérisé de toutes nos données et des listes d’inscription de tous les pensionnats. Venez!

Les jeunes la suivirent avec enthousiasme. Dans la pièce qui servait autrefois de salle à manger, elle leur expliqua la mission du Centre, comme elle avait dû le faire des centaines de fois auparavant.

— Le Centre national pour la vérité et la réconciliation est le gardien de nombreux registres et dossiers provenant des pensionnats autochtones. Il possède une vaste bibliothèque de documents de toutes natures. Au Canada, les pensionnats ont été en activité pendant plus d’un siècle et demi. Plus de cent cinquante mille enfants les ont fréquentés. Généralement surpeuplées et sous-financées, ces écoles constituaient pour l’État canadien et pour l’Église un formidable outil d’assimilation. Des milliers d’enfants et adolescents autochtones y ont subi d’effroyables sévices. Tous ces jeunes, même ceux qui n’étaient pas maltraités physiquement, souffraient atrocement de la solitude et de l’éloignement de leur famille. Aujourd’hui encore, notre société souffre des conséquences désastreuses des pensionnats.


Livre publié dans la collection « Boréal Inter ».
Traduit de l’anglais (Canada) par Catherine Ego.