Mario FecteauLe Dernier Viking

Une grande saga familiale de la Scandinavie aux confins de l’Europe.

 

Cinq mythes
au sujet des Vikings

Pour souligner la parution du Dernier Viking, Mario Fecteau s’amuse à déboulonner certains mythes sur les peuples scandinaves qui sont au cœur de son roman historique.


Les Vikings portaient des casques de cornes.

Ce mythe vient de l’imagination des auteurs du XIXe siècle. S’il y a en effet eu des casques à cornes au cours de l’histoire, ce fut bien avant l’époque des Vikings. On a retrouvé à Chypre des statuettes de bronze parées de ces casques, vieilles de pas moins de 14 000 ans ! Mais les Vikings, eux, n’en portaient pas. Le casque à cornes serait inefficace au cours d’une bataille, voire nuisible. Il aurait suffi à l’ennemi de frapper ces cornes pour déplacer le casque et déséquilibrer le combattant, le rendant ainsi vulnérable. La confusion vient peut-être du fait que les Celtes – que Jules César appelait les « Gaulois » – en portaient. Mais il s’agissait de cornes très courtes. Chez les Vikings, on trouve toutefois quelques exemples de casques avec des bois, comme ceux des cervidés. Ils servaient aux sorciers lors de cérémonies religieuses.

Les Vikings étaient des barbares sanguinaires.

L’image qu’on se fait des Vikings vient d’une erreur d’interprétation à la suite de fouilles dans un cimetière viking sur l’île suédoise de Birka, au milieu du XIXe siècle. On sait que les Vikings inhumaient leurs défunts avec certains de leurs biens, comme une hache ou une épée. L’une des sépultures, toutefois, contenait bien d’autres choses : on y a trouvé plusieurs armes, des offrandes de nourriture, des bijoux et même deux chevaux. C’était la tombe d’un individu très important, un chef. On a alors imaginé les Vikings comme des individus costauds et barbus, ce qui a donné naissance à la légende du barbare sanguinaire que l’on connaît. Après tout, c’était ainsi qu’on se représentait les autres peuples non chrétiens.

Sauf que ces récits sont justement l’œuvre de chrétiens qui ont dépeint leurs assaillants sous un jour sombre. On sait aujourd’hui que la réalité est plus nuancée. Charlemagne, par exemple, a commis son lot d’actes cruels!

Pour en revenir à la tombe de ce fameux chef, un nouvel examen du squelette dans les années 1980 a conduit une chercheuse à affirmer qu’il s’agissait en fait d’une femme. Certains ont ri de cette théorie, mais les progrès de la génétique ont révélé l’absence totale du chromosome Y. Cette découverte a amené à une conclusion sans appel : le grand guerrier viking était une femme.


Les bateaux des Vikings s’appelaient des « drakkars ».

Il s’agit d’une autre invention du XIXe siècle, celle-là née de l’imagination d’un journaliste français. Sachant que certains navires vikings portaient une figure de proue en forme de tête de dragon, il a pris le terme suédois draki, qu’il a mis au pluriel, ce qui donne drakar. Un second k est apparu, peut-être plus tard. Les Vikings utilisaient plutôt les termes kaupskip (vaisseau marchand), herskip (vaisseau de guerre) et, surtout, knörr (navire polyvalent). Celui-ci pouvait naviguer aussi bien en rivière qu’en haute mer


Les grandes puissances coloniales du Vieux Continent furent les premiers Européens à mettre les pieds en Amérique du Nord.

Les Vikings étaient de grands voyageurs. C’est bien simple: ils avaient toujours la bougeotte ! Les Varègues ont exploré l’est de l’Europe et les abords de l’Asie, jusqu’à Bagdad, capitale de ce qu’on appelle aujourd’hui l’Irak.

Leur désir de découverte allait également les mener jusqu’en Amérique. Les sagas islandaises (des récits mi-historiques, mi-folkloriques) parlent du Vinland, longtemps vu comme un mythe… Du moins jusqu’en 1960, quand des fouilles archéologiques dirigées par les Norvégiens Helge Ingstad et Anne Stine Ingstad ont permis la découverte de ruines vikings à L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve. Ils venaient de prouver que le fameux Vinland était en fait l’île canadienne de Terre-Neuve!

Plus récemment, en 2015, l’archéologue Sarah Parcak a découvert, grâce à des images satellites, un deuxième site viking à Pointe Rosée, au sud de l’île.


Les peuples vikings ont cessé d’explorer le monde après la fin officielle de leur ère, en 1066.

En 1066, le duc de Normandie Guillaume le Bâtard est trahi par le roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, qui avait promis de faire de lui son successeur. À la mort d’Édouard, son beau-frère Harold s’empare de la couronne. Furieux, Guillaume fait construire une flotte de « drakkars » – eh oui, les Normands étaient des Vikings – et envahit l’Angleterre. Une victoire à Hastings fait de Guillaume le nouveau roi et lui permet de cumuler les deux titres, soit duc de Normandie et roi d’Angleterre. Il donne les territoires les plus importants à ses alliés. Tout ce beau monde parlait français; c’est d’ailleurs de là que viennent les nombreux mots français que l’on trouve aujourd’hui dans la langue anglaise.

Puisque Guillaume venait de Normandie et non de Scandinavie, les historiens ont choisi l’année 1066 pour clore l’ère des Vikings, mais dans les faits, rien n’a changé pour les Scandinaves. Toujours attachés au monde et aux traditions nordiques, ils ont continué à sillonner l’Atlantique, se fournissant en bois de construction au Markland – qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de Labrador.


 

Les jumeaux avaient fait leurs adieux à leur mère, avec la promesse d’enfin ramener leur père à bon port. Le sourire résigné de celle-ci confirma à Bjørn qu’elle savait fort bien, tout comme lui, que rien ne pouvait garantir le succès de leur entreprise.

Extrait du livre


Livre publié dans la collection « Boréal Inter ».