Michèle OuimetL’Homme aux chats

Immersion glaçante dans la peau d’un assassin pervers.

Notre entretien
avec Michèle Ouimet

 

On dit que pour être un auteur, il faut d’abord être un bon lecteur. Comme vous signez ici votre premier roman noir, pouvez-vous nommer quelques livres ou écrivains de polar qui vous ont donné envie d’explorer vous-même ce genre?

J’aime beaucoup Henning Mankell. Je savoure ses descriptions sombres de la société suédoise. C’est d’ailleurs ce que j’aime le plus dans ses romans, au-delà de l’intrigue policière. J’aime aussi Pierre Lemaitre. Avant de décrocher le Goncourt en 2013 pour son remarquable Au revoir là-haut, Lemaitre a été un auteur de polars. Il a écrit une trilogie composée de quatre livres, oui, quatre, contrairement à ce que le mot trilogie laisse croire, une curiosité typiquement lemaitrienne. Son enquêteur principal est déroutant. Il s’appelle Verhoeven, il est petit, mais alors là, très petit, et chauve. Pierre Lemaitre excelle dans la description de personnages. Ne serait-ce que pour cela, ça vaut la peine de le lire.

Comme personnages principaux, vous avez choisi une journaliste et un enquêteur. D’où vous est venue l’idée de ce duo?

Je voulais une journaliste, puisque c’est un métier que je connais et que j’aime passionnément. Et comme c’est un polar, je ne pouvais pas passer à côté d’un personnage d’enquêteur. Je me suis juré qu’il ne serait ni alcoolique ni désabusé ni Asperger. Mon roman a un troisième personnage, le tueur psychopathe. Ils forment le cœur de mon polar. Des personnages secondaires gravitent autour de ce trio.


 

J’ai envoyé des lettres à neuf meurtriers emprisonnés au Canada, dont Paul Bernardo, Luka Magnotta et Robert Pickton. Je voulais les rencontrer pour comprendre ce qui les poussait à tuer. Tous ont refusé de me parler.

Extrait de l’entretien


 

Le tueur en série est souvent exploité dans la construction du roman à suspense. Manifestement, c’est une figure qui fascine et qui, malgré sa fréquente représentation, demeure bien souvent une énigme insoluble. En ce qui vous concerne, quelles ont été les motivations à sonder les arcanes vertigineux d’un assassin obsessionnel?

Je suis fascinée par le mal. Et pour moi, les psychopathes représentent la quintessence du mal : pas de remords, pas d’empathie. J’ai envoyé des lettres à neuf meurtriers emprisonnés au Canada, dont Paul Bernardo, Luka Magnotta et Robert Pickton. Je voulais les rencontrer pour comprendre ce qui les poussait à tuer. Tous ont refusé de me parler.

 

Les histoires de crime, que ce soit à travers les livres, au cinéma ou à la télévision, comptent de nombreux adeptes. Pourquoi cela vous intéresse-t-il, de votre côté?

Parce que l’histoire doit être particulièrement bien ficelée. Aucun fil ne doit traîner si on veut y croire. Il faut créer un suspense, étonner le lecteur et le tenir en haleine jusqu’à la fin. Méchant défi. Je ne pensais pas qu’un polar était aussi difficile à écrire. J’ai eu du plaisir à imaginer l’homme aux chats. Du plaisir, mais aussi des sueurs froides et quelques maux de tête. Mais voilà, c’est fait. Bonne lecture.


 

Même si le garçon sait qu’il ne plantera pas le couteau dans le cœur de sa mère, il reste au-dessus d’elle, son arme pointée sur elle, laissant le sentiment électrisant de la jouissance traverser son corps d’enfant.

Extrait du livre


 

Livre publié dans la collection « Boréal Noir ».