Accueillir le nature writing

Le romancier Louis Hamelin nous explique pourquoi il avait envie de créer et de diriger une collection consacrée au nature writing.

La collection
« L’œil américain »

Les auteurs doués d’une véritable sensibilité de naturaliste demeurent des oiseaux relativement rares dans nos lettres. Pierre Morency, avec sa trilogie des Histoires naturelles du Nouveau-Monde (1989-1996), non seulement a fait œuvre de pionnier, mais demeure aussi une sorte d’exception : la rencontre d’un regard de poète et d’une exigence scientifique. C’est pour lui rendre hommage que notre collection de nature writing québécois emprunte son nom au premier tome de sa trilogie : L’Œil américain. Chez Fenimore Cooper, cette expression désignait le regard chasseur de l’Indien, auquel rien n’échappe. Cette forme de vision périphérique est le regard environnemental par excellence.

L’expression de notre américanité littéraire, de cette part de notre imaginaire collectif qui appartient en propre au continent américain, appelait une telle collection. C’est une question de territoire. Une situation géographique comme la nôtre, privilégiée quant au rapport à la nature sauvage, a forcément produit des écrivains proches du monde vivant.

La collection « L’œil américain » se veut d’abord un lieu ouvert aux aventures de la langue dans la richesse vivante d’un monde sauvage menacé, qu’elles soient le fait d’auteurs débutants ou consacrés. Elle se propose d’en accueillir les formes variées : récits, essais, journaux personnels, fictions, etc. Nous n’excluons pas d’y faire paraître des traductions ni d’y rééditer des classiques du genre tombés dans l’oubli.